mercredi 4 février 2009

Un peu de mon enfance.




Tant de mots se bousculent ce soir

A la pointe finement taillée de ma plume ;

Toute la maisonnée dort, se terre dans le noir.

Et pareil à mon cœur, notre jardin s’embrume.




Par la vitre embuée, comme des fantômes,

Je vois les branches du chêne, mues par le vent.

Sur la table, rouge et ratatinée, une pomme

M’offre son dernier relent et l’âtre m’attend.




Mes pensées s’envolent et puis reviennent

Coucher précieusement sur la feuille de papier

Des souvenirs de l’enfance qui fut mienne

Et que, encore naïve et crédule, j’ai tant aimé.




J’entends à nouveau les éclats de rire cristallins

De mes frères et la voix grave de mon père

Qui nous rappelle qu’il n’y a plus de pain,

Et qu’il faudra sans tarder aider notre mère.




Les yeux humides et fatigués par la fumée âcre

Qui s’échappe invisible de l’antique cheminée,

Cette femme de trente ans, frêle mais opiniâtre,

Pour nous a laissé s’effriter toute sa beauté.




Aussi loin que m’emporte ma pauvre mémoire

Je ne la vois jamais assise, sereine et reposée.

Déjà quelques mèches blanches entre l’éclatant noir

De sa longue chevelure signent les tourments endurés.




Ce soir, je me sens le cœur lourd de cet amour

Simple, gratuit et à l’odeur du bon pain

Qui se pétrit, lève et puis, enfin, cuit au four

Pour nous nourrir jusqu’au lendemain.




L’encre épais de ma plume est comme une fontaine

D’où s’écoule pur et sans prix, votre amour de parents.

Ma gratitude inavouée, au fil des lignes s’égrène

Afin de perpétuer pour mes bambins, cette vie d’antan.





Arwen Gernak

Nul écrit vain

samedi 29 décembre 2007

Les mots


Si pour bâtir on lance l'appel aux pierres, pour écrire on s'adresse aux mots.

Précisément depuis quelques jours, lisant un auteur excellent, je me retrouve devant un amas de lettres disparates. Tous les mots gisent là, face à moi.

Je les contemple, les retourne en tous sens. Rien n'en sort, rien du moins qui ait un tant soit peu d'important.

Dans un moment pareil, on se rend compte combien, les mots sont puissants, terrifiants, des bombes à retardements, des parterres de fleurs, des reliquats de notre mémoire, des rêves en suspension dans l'air ambiant et au bout de notre propre horizon.

Si puissants qu'ils changent l'horizon de chaque terrien et pourtant nous foulons la même planète. Notre regard diffère, dans la distance que nous prenons, dans la fermeture de nos yeux qui deviennent parfois de véritables meurtrières. Nos filtres égoïstes déguisent l'horizon du monde à notre mesure et envie.

Que faire alors de tous ces beaux sujets, véritables provocateurs pour moi qui les aime. Plus fougueux que des chevaux, plus rapide que l'éclair, je tente en vain de les happer. Ils caracolent tout le long de mes jardins en papier.

Jadis, jamais ils n'auraient pris la main. Ma main les aurait domptés.

Ce soir, la force manque à mon fleuret. La lame ploie, la victime est exangue. La plume n'est plus qu'au sommet du chapeau et sèche doucement.

Les mots fuient les maux. Le sang versé au Pakistan s'impose aux rêveries. Le remou des guerres immobilise mon encrier. A proximité, la tête de l'An nouveau pointe, couleur pourpre sur fond blanc. Comment offrir les voeux face à tant de folie?

D'ailleurs, les voeux ne sont jamais qu'un merveilleux assemblage de mes amis les mots. Ils sont sincères mais sur quoi érigeront-ils leurs fondations? Sur le déséquilibre d'un monde qui se perd d'avoir trop joué?

Répondez-moi que l'espoir est la seule chose qui ne meurt pas et je vous rétorquerai d'aller le chanter comme la cigale aux enfants affamés, aux femmes battues, aux hommes enchaînés dans des prisons inconnues.

Comme disait James, les quatre horizons crucifient le monde et nous qu'y ferons-nous?

Personnellement, je ne possède rien pour empêcher la rage humaine.

Voltaire recommandait de maintenir le peuple dans l'ignorance. Les puissants sont restés ses fidèles élèves. Et comme autrefois les croisés, on part au sacrifice extrême, fuyant ainsi l'horreur quotidienne. Mort violente et rapide plutôt que l'agonie lente et insoutenable.....


Voyez-vous combien l'amas de mes mots est devenu désordonné?

lundi 17 décembre 2007


Où que je passe, quel que soit le blog que je visite, souvent je trouve la question que moi-même je me suis posée: pourquoi ce blog, pourquoi un blog plus simplement?


Difficile de généraliser ou le contraire. C'est dans l'air du temps, tout le monde ou presque, aujourd'hui a un blog, même les people. Serait-ce pour être à notre tour un peu 'vous serez fameux' ou parce que nous pensons que nous trouverons public plus compréhensif que notre entourage?

Est-ce la paresse, le désir de partage ou la perversité, le voyeurisme, le nombrilisme, le délétère? Est-ce le romantisme de nos quinze ans, l'envie de création, la naïveté à croire qu'on est peut-être doué pour l'écriture?

Tout à la fois? Est-ce essentiel?

Pour ma part, regroupant le tout, j'y ajoute la prétention de me faire plaisir. Voilà donc déjà une personne de plus au monde qui aura des intants de bonheur.

Suffira maintenant de trier les sujets, de selectionner les morceaux qu'on aime, de trancher entre une photo et une autre, de sacrifier l'un ou l'autre auteur....donc pas si facile l'entreprise d'un blog du point de vue de la conscience.

La première personne que j'ai mise au courant: mon compagnon. Non que je veuille qu'il commente ce que je laisserai traîner mais plutôt parce que je trouve qu'il en relève de l'intégrité morale. Ceci est purement personnelle comme valeur. D'autres agiront sans doute dans le but inverse et c'est très bien. Je peux le comprendre.

A mes enfants, je le dirai plus tard, surtout à ma fille trop jeune pour comprendre. Mon fils ne s'y interesse pas du tout vu que le plus souvent quand je rédige un texte, il est un des premiers à en être le lecteur et se sent donc 'saoûlé'.


Cette parenthèse referméé, il faut sans doute donner un peu d'explications sur soi-même: la démarche la plus ample qui soit et la plus ardue.

Passionnée par l'artistique en tout genre, j'ai goûté à tout. M'analysant objectivement, je remarque qu'un gros défaut en découle: aimant tout, je n'achève rien.

Ce qui reste stable: l'amour des mots et de leur assemblage.

Avec les mots on fait tout. On vend ou on achète le monde. On transforme, on sculpte, on peint, on arrondit, on blesse, on tue comme on aime ou vice versa.

Donc, en bref, je suis ici parce que j'aime écrire. Est-ce clair?

samedi 15 décembre 2007

En clair....

Ce que vous avez de la peine à lire au-dessus de mon encrier, le voici en lettres claires:

L'encrier blanc ou......

Le temps et ses heurts où quelques fois le bonheur s'attable. On y boit des vins en tous genres. Des noirs et des rosés. On y boit la vie au jour le jour. Ici, gisent des lambeaux de tous ces isntants. Où mèneront-ils? Peut-être chez vous......