mercredi 4 février 2009

Un peu de mon enfance.




Tant de mots se bousculent ce soir

A la pointe finement taillée de ma plume ;

Toute la maisonnée dort, se terre dans le noir.

Et pareil à mon cœur, notre jardin s’embrume.




Par la vitre embuée, comme des fantômes,

Je vois les branches du chêne, mues par le vent.

Sur la table, rouge et ratatinée, une pomme

M’offre son dernier relent et l’âtre m’attend.




Mes pensées s’envolent et puis reviennent

Coucher précieusement sur la feuille de papier

Des souvenirs de l’enfance qui fut mienne

Et que, encore naïve et crédule, j’ai tant aimé.




J’entends à nouveau les éclats de rire cristallins

De mes frères et la voix grave de mon père

Qui nous rappelle qu’il n’y a plus de pain,

Et qu’il faudra sans tarder aider notre mère.




Les yeux humides et fatigués par la fumée âcre

Qui s’échappe invisible de l’antique cheminée,

Cette femme de trente ans, frêle mais opiniâtre,

Pour nous a laissé s’effriter toute sa beauté.




Aussi loin que m’emporte ma pauvre mémoire

Je ne la vois jamais assise, sereine et reposée.

Déjà quelques mèches blanches entre l’éclatant noir

De sa longue chevelure signent les tourments endurés.




Ce soir, je me sens le cœur lourd de cet amour

Simple, gratuit et à l’odeur du bon pain

Qui se pétrit, lève et puis, enfin, cuit au four

Pour nous nourrir jusqu’au lendemain.




L’encre épais de ma plume est comme une fontaine

D’où s’écoule pur et sans prix, votre amour de parents.

Ma gratitude inavouée, au fil des lignes s’égrène

Afin de perpétuer pour mes bambins, cette vie d’antan.





Arwen Gernak

Nul écrit vain